Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/70

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— Qu’importe ! dit précipitamment Rosalie, si je perds le souvenir de ma vie antérieure.

— En souffrirez-vous moins pour ignorer la raison de votre supplice ? dit Max. Au reste, reprit-il, dans l’existence qui embrasse ses crimes, il est au moins douteux que l’homme ne subisse pas en partie son châtiment. Admettez seulement qu’il ait une famille, la seule pensée de transmettre à ses enfants un héritage de malheur n’est-elle pas suffisamment effroyable ?

— Hélas ! hélas ! » fit Rosalie qui se cacha la tête dans ses mains et éclata en sanglots.

Destroy, bien que tout cela lui parût singulièrement étrange, ne voulut voir dans cette explosion de chagrin que l’effet de scrupules outrés.

Peu après, Clément revint de son bureau. Accoutumé de longue date à voir les sombres tristesses de sa femme, il ne prit pas même garde à la trace de ses larmes récentes. Au surplus, il était préoccupé. D’un ton sarcastique et en termes injurieux, il déclara qu’il communiait le lendemain et conseilla à sa femme, puisque aussi bien sa faiblesse la dispensait de cette ignoble comédie, de se confesser au moins plus souvent qu’elle ne faisait. Rosalie, pour la première fois peut-être, ne cacha point son affliction de l’entendre parler avec cette irrévérence.

« Quoi ? qu’est-ce ? fit Clément avec une colère hautaine. Les lieux communs de l’abbé auraient-ils fait