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VI

LA CURIOSITÉ D’UNE GRAND’MÈRE


De tous les bonheurs qui se payent, le plus joli, le plus gracieux et le plus pur, — mais aussi l’un des plus chers, — c’est le bonheur qui précède le mariage, — qui le précède seulement de quelques jours. C’est vraiment délicieux ; rien n’y manque, — pas même cette ombre de mélancolie qui veloute le bonheur, comme certain duvet veloute les pêches, quand on se retourne vers sa vie de garçon, du milieu des bijoux et des bracelets qu’on achète, anneaux symboliques, emprises pour deux ! Chaque matin, on envoie pour soixante francs — ou davantage, selon la saison — des plus belles fleurs à sa promise, qui les effeuille en rêvant tendre-