Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 1.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

minée et deux lampes, dont les globes de cristal colorié répandaient un jour à reflets changeants et incertains.

« C’est M. le vicomte de Prosny, señora, — fit Oliva à sa maîtresse, couchée à terre, en face du feu, sur une magnifique peau de tigre, et qui se souleva sur le coude pour dire bonjour au vieux vicomte.

— Eh quoi ! c’est vous ! C’est vous ! » — dit-elle avec un peu d’étonnement, comme Oliva. Et elle lui tendit la main avec une cordialité vive. Le vieux galant, qui venait de baiser celle de ses anciennes amours et qui avait la lèvre humide encore de la liqueur des Îles de Mme d’Artelles, serra cette main, mais n’osa l’embrasser.

L’historien de Mme d’Artelles, M. de Prosny, n’avait rien exagéré. La señora Vellini n’était plus jeune et n’avait jamais été jolie. Oliva n’était donc point comme un degré de lumière, placé là par l’Orgueil enivré, pour monter d’une femme belle à une femme plus belle. Au contraire, on descendait à une femme soudainement laide quand on regardait Vellini, l’œil ébloui par Oliva. La comparaison avait alors toute la surprise du contraste. Vellini était petite et maigre. Sa peau, qui manquait ordinairement de transparence, était d’un ton presque aussi foncé que le vin extrait du