Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 1.djvu/97

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— Vous croyez ? — dit Marigny avec une légèreté assez méprisante. — Eh bien, c’est ce que nous verrons, monsieur de Prosny. » Et il le salua, continuant de monter l’escalier, pendant que le vicomte le descendait, grommelant dans les plis de son manteau sous lequel il avait coulé son nez comme un héron fourre son bec aigu dans ses plumes :

« Si elle s’est tue, cette infernale señora, qu’il faudrait soumettre aux tortures de l’inquisition si on voulait la faire aller à confesse, j’en ai dit assez, moi, pour qu’elle reçoive ce Marigny, qui a l’air de ne douter de rien, sur un fier épieu ! Allons, allons, il y aura ce soir de la discorde dans Agramant !

« Vieille et taquine espèce ! » pensa Marigny, montant toujours. Il n’aimait pas cette visite, faite à sa maîtresse par le vicomte après un éloignement si prolongé. Il connaissait l’antipathie, si voilée qu’elle fût, de Mme  d’Artelles. Il se douta de quelque manigance dont l’ancien cavalier servant de la comtesse était l’instrument. Quand il entra chez la señora et qu’il surprit l’attitude et la physionomie de cette dernière, il n’eut plus de doutes, il vit clair.

La Vellini était retombée sur sa peau de tigre après le départ du vicomte. Elle n’y était plus à moitié soulevée, mais couchée à plat