Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/264

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sance ? Cela n’eût-il pas mieux valu pour mon pauvre enfant et pour moi ? » Ce qui augmentait encore sa peine, c’était une pensée qu’elle ne disait pas. En pleurant son enfant perdu, elle pleurait toutes ses espérances maternelles. Elle savait qu’elle n’aurait jamais plus d’autre enfant… Plus digne de s’appeler du nom d’Hermine que sa grand’mère, madame de Flers, elle sentait bien qu’une seule tache avait fait mourir dans sa personne, non la femme qui aimait Ryno, mais celle qu’il avait épousée… Pendant les trois semaines qu’elle garda le lit, elle adressa mentalement tous les jours à cette petite statue de la Vierge, sa relique de jeune fille, que l’Amour conjugal n’avait point exilée de ses rideaux, un de ces vœux qu’on aurait pu croire téméraire, si on n’eût pensé qu’à sa jeunesse. Elle attendait impatiemment l’heure où, dans de tristes relevailles, elle irait le renouveler à l’hôtel bleu de mer de cette Étoile du matelot, qui est aussi la consolation des femmes malheureuses, dans la pauvre église de Carteret.

Ce moment arriva enfin. Ryno, qui ne l’avait pas quittée une seule fois et qui avait reçu dans la poitrine le contre-coup de toutes ses douleurs, avait prolongé, le plus possible, toutes les précautions de la convalescence. Il n’avait as voulu qu’elle sortît trop tôt. Doux avec