Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/187

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bras, de l’un à l’autre côté du porche, comme un chappier d’église, à vêpres. Le dernier rayon vaillant de cette lune qui devait ressembler une heure après à un chaudron de bouillie froide, et qui nous rendit ce dernier service, tombait à plein dans la figure du soldat en faction et l’empêchait de distinguer nos ombres mobiles dans l’ombre arrêtée des maisons. « Je me charge de la sentinelle, » dit à voix basse Juste Le Breton à M. Jacques, et d’un bond il fut sur elle et l’enleva, houppelande, fusil, homme et tout, et disparut avec ce paquet, sous le porche de la prison, en nous faisant le passage libre. Comment s’y était-il pris, ce diable de Juste ?… Mais la sentinelle n’avait pas poussé un seul cri.

— Il l’aura poignardée ! fit M. Jacques. Allons, c’est à notre tour, messieurs. Nous pouvons avancer !… »

Et tous, avec lui, serrés les uns contre les autres comme les grains d’une grappe, nous nous précipitâmes sous le porche nettoyé par Juste, et nous entrâmes dans la première cour de la prison.

C’était une cour parfaitement ronde, dont l’enceinte intérieure ressemblait à la cour d’un cloître, avec des arcades très-basses et des piliers trapus. Elle était vide. Où était passé Juste ?… Nous fouillâmes du regard sous ces