Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est mort parfaitement, quelques années plus tard, des suites d’un coup d’épée dans le foie, à Édimbourg.

— Je le croyais comme toi, Fierdrap ! mais il faut décompter ! répondit l’abbé de Percy, qui regardait circulairement ces trois dames, figées par ce nom de Des Touches, l’un des héros de leur jeunesse ; oui, je croyais qu’il était mort… Eh ! qui ne l’aurait cru depuis tant d’années que le silence avait succédé au bruit de son enlèvement et de son duel ? Mais, que veux-tu ? je n’ai pas la berlue, et je viens de le voir sur la place des Capucins, et même de l’entendre, car il m’a parlé !

— Pourquoi donc, en ce cas, ne l’as-tu pas amené avec toi, l’abbé ? dit en riant l’incorrigible baron de Fierdrap, qui s’obstinait à penser que son ami Percy jouait la comédie pour épouvanter mademoiselle Sainte. Nous lui aurions offert une tasse de thé, comme à un ancien compagnon d’infortune, et nous nous serions régalés de son histoire, qui doit être curieuse, si c’est l’histoire d’un ressuscité ?

— Curieuse et triste, à en juger par ce que j’ai vu, dit l’abbé, qui ne se laissait pas entamer par le ton narquois de son ami, le baron, mais en attendant qu’il te la raconte lui-même, fais-moi donc, mon cher, le plaisir d’écouter la mienne !