plus grosses questions, s’imaginant les rouler avec la plus gracieuse facilité du bout de l’ongle long qu’il porte au petit doigt, Clitandre de la philosophie ! Eh bien ! quelle que soit la différence de ton de ces deux ouvrages, ils ont cela de commun qu’ils montrent très bien, chacun à sa façon, l’état actuel de la philosophie, et sur quel pauvre grabat d’idées la malheureuse se sent mourir. L’Histoire de l’Intelligence, de M. Doublet, a été faite suivant une méthode, et le livre des Philosophes français nous donne, pour conclusion, la sienne, sans avoir l’air d’y tenir plus qu’à tout le reste, ce singulier livre. Or, ces méthodes connues déjà, reprises cent fois en sous-œuvre depuis Descartes, — le père de tous les faiseurs de philosophie solitaires, — ces méthodes retournées, changées de côté, modifiées, ici ou là, par des travaux d’insecte, mais éternellement les mêmes, c’est-à-dire, partant du moi pour aller au moi par le moi, donneront-elles enfin à la philosophie, sous la main de ces deux derniers venus, MM. Doublet et Taine, ce qui lui a manqué jusqu’à cette heure : — la vie et la fécondité ? MM. Doublet et Taine doivent être deux jeunes gens. On le sent en lisant leurs livres. Mais nous apportent-ils l’un et l’autre une si grande découverte que l’un soit à juste titre d’une satisfaction si orgueilleusement modeste, quand il se regarde, et l’autre d’une si fringante impertinence quand il regarde ses prédécesseurs et ses maîtres ? ..
Nous commencerons par M. Doublet. Nous ne le comparerons pas à M. Taine. Nous croyons qu’il vaut beaucoup mieux. M. Doublet, quel que soit son âge d’ailleurs, est un franc jeune homme en philosophie. Il