Page:Barbey d’Aurevilly - Les Ridicules du temps, 1883, 3e éd.djvu/15

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parmi nous, le rang qu’elle n’eût dû jamais perdre?... Eh bien, pour mon compte, je ne le crois pas. Dieu sait si je le voudrais! mais je ne le crois pas. A mes yeux la Critique, en France, est aussi morte que la Chronique elle-même, et il y a bien plus longtemps. Des comptes rendus de livres ou de théâtre, comme on en fait encore, ne prouvent rien. Ils ne sont pas forcément de la Critique, de ce qu’ils sont des comptes rendus. Le genre n’est rien ici, ni même le talent, mais l’inspiration seule est tout. La Critique tient à un ensemble de mœurs littéraires qui a malheureusement cessé d’exister. Aussi, en fait de critique, n’en avons-nous plus guère que la comédie, — une farce aristophanesque dont l’éternelle race des badauds peut toujours être dupe, mais qui dégoûte profondément tous ceux qui ont vécu dans les coulisses de la littérature et qui savent comment cela peut se jouer !


II


J’ai dit le grand mot : des moeurs littéraires. De tous les genres de mœurs, celui peut-être qui nous manque le plus. Nous ne sommes pas bien forts