Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/54

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de son nom et qui fit une guerre impie, une guerre d’assassin au pouvoir d’alors. Tous les gens d’esprit et de talent que nous avons vus s’éparpiller dans toutes les directions, depuis ce temps-là, ont été couvés dans la veste brodée du Figaro : de La Touche, Becquet ; l’Érigone politique du Journal des Débats, M. Jules Janin ; M. Gozlan ; M. Alphonse Royer, Mme Sand ; M. Alphonse Karr, etc. Il faut excepter Balzac, qui n’y écrivit pas : hasard étrange pour qui connaît, comme nous, l’ubiquité littéraire de Balzac. Ce fut au Figaro que fut fait Le Maçon, et que M. Brucker révéla pour la première fois ses chaudes et intarissables qualités d’observateur et d’écrivain. Il devint l’âme de ce journal terrible et charmant qui, chez une nation organisée comme la France, devait faire le mal le plus profond, en dévastant tout par la plaisanterie. M. Brucker, qui avait toutes les passions de son temps ajoutées aux siennes, se mêla à cette furieuse guerre faite à la Monarchie, qui, sans droit des gens comme sans pitié, mâchait ses balles et empoisonnait les rivières.

L’auteur du Maçon ne gardait pas les manteaux, comme un autre grand converti de sa connaissance ; il lapidait. Tout à coup, 1830 éclata, et quelques jours après qu’on eut bu à cette coupe de Circé révolutionnaire, le journaliste Brucker, transformé en… farouche et en garde national, demandait, à Vinccnnes, la tête de M. de Peyronnet, avec lequel, par parenthèse, il s’est lié plus tard ; cette tête poétique qui fait de beaux vers et qui, en envoyant son portrait à son ennemi mortel devenu son ami jusqu’à la mort, écrivait ce quatrain tourné avec la grâce qui n’