Page:Barbey d’Aurevilly - Lettres à Trébutien, I, 1908.djvu/41

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ayant un gracieux parfum de terroir tout-à-fait distingué), sans compter celui de monsieur mon frère, de sorte que je suis accablé de tous ces bonheurs légitimes. J’ai vu aussi le bonheur (tout aussi légitime mais dans un autre genre) de mon autre frère le séminariste, et de cette bande de bonheurs ce n’est ni le plus faible ni le moins étonnant. Rien, dit-il, ne peut donner l’idée de la félicité dont il jouit, et, comme il ne parle que par les prophètes, il s’est servi de l’expression d’Isaïe : Un fleuve de paix coule dans mon âme. Qu’il coule donc et qu’il ne tarisse pas !

Il (Léon) m’a donné en guise de souvenir le petit livre de Louis de Blois qu’il appelle un livre d’or, mais j’aimerais mieux celui de Venise. Il a écrit sur la première page : Fratri meo, Christiano futuro. Vous voyez qu’il est déjà augure, avant même d’être prêtre. Il m’a donné aussi pour vous une petite image de la Vierge, le seul portrait de femme à son usage. Écrirai-je : Et au vôtre, mon ami ? Dans tous les cas, c’est un témoignage d’amitié et de sweet remembrance.

On m’a mandé que le glorieux Scudo était près de vous. Je serai enchanté de le revoir, lui et ses pantalonades. Son histoire des Girondins avance-t-elle ? C’est une des meilleures. Je n’ai que le temps de vous embrasser et de fermer cette lettre. À bientôt.

J. B.