Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/221

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sauter à pieds joints par-dessus un jour. — je passai mon temps avec L B en affaires.

— le soir

allai au concert de l'allemand Strauss.

— pas

enchanté ! Un monde du diable et un tas d'hommes de mauvais ton. — remarqué la mise de la danseuse Dolorès Serral qui se promenait là. — blonde noire et velours noir avec une capote de satin rose.

— elle a les  prunelles 

les plus larges et les plus mates que j'aie vues, recevant la lumière et ne la donnant pas .

Aujourd'hui levé et habillé de bonne heure. — à dix heures chez A De Ber où j'ai déjeuné. — sa femme est laide, mais ne manque pas d'expression et aime et respecte la raillerie, comme toute femme.

— c'est le sceptre des rois du monde et leur épée. — 

voyez sourire une femme à une moquerie bien dite, c'est une écharpe qu'elle offre à genoux au vainqueur, à celui qui l'a dite, cette moquerie.

Mme De B nous a quittés, et quoique je sois

fort indifférent pour cette femme, j'ai filé aussi, tant une femme, je ne sais pourquoi, projette autour d'elle le vague et inexplicable intérêt de sa présence ! — si elle fut restée, je serais resté.

Allé passer deux heures et demie chez la bella marchesa,

— mise comme j'aime, satin et velours

noir, — spirituelle et presque tendre, ce qui vaut mieux. — m'a deviné pour une certaine chose et je le lui ai avoué