Page:Barbey d’Aurevilly - Rhythmes oubliés, 1897.djvu/19

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pâle que j’aie vue parmi tous ces visages riants et gracieux, ceints de guirlandes ou courbés sous le poids des corbeilles. Reine sans bandeaux, à l'épaule nue, — étrange Coéphore qui portait sur sa tête maudite — mais toujours droite — ces grandes fleurs empoisonnées de la terre : la Douleur, l’Orgueil et l'Impiété.

IV

Ô Niobé, je t’ai toujours aimée ! Dès mon enfance ton image me plut et attira ma rêverie, avant même que je pusse savoir qui tu étais. — Il y avait, dans un angle obscur de la maison paternelle, un buste blanc, noyé dans l'ombre, mais visible à mon regard curieux. Que de fois j’interrompis ma tâche ennuyeuse pour le contempler de cette vue inquiète et longue des êtres mal accoutumés aux choses dans ces premiers instants de la vie ! Que de fois, appuyé sur le coude, je regardai la figure inconnue qui était femme et qui ne souriait pas !