Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/20

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à ta vieille accointance, l’abbé Sombreval ! Ch’est donc un Hérode, à présent !… Il a donc ajouté à ses crimes reconnus, le crime d’Hérode ! Il a tué des effants ! Qui a renié Dieu peut bien tuer ses créatures. Mais quels effants ?… ajouta-t-elle ardemment curieuse. En v’là deux là-bas, sur la berge…

Et son index brun, à l’ongle verdâtre comme celui d’une goule, se tendit vers Néel et Calixte, qui causaient entre eux et ne l’entendaient pas, ne la voyaient même pas.

— Ch’est les deux siens, car le fils au vicomte de Néhou n’est plus à son père. Ils lui ont tourné l’esprit à eux deux, le prêtre et sa gouge, et on dit partout qu’il va l’épouser.

Elle s’arrêta pour reprendre haleine. Sombreval, en l’entendant, avait ressenti ce tressaillement de nerfs qu’il retrouvait toujours dans ses muscles à l’aspect de cette mendiante. Il fit même un mouvement pour se replier devant cette persécutrice à tout moment jetée, par un hasard maudit, sur sa voie ; mais l’idée qu’elle allait le suivre, et que Calixte pourrait avoir l’ignoble spectacle qui une fois déjà avait offensé ses yeux purs, le retint.

— Quels effants a-t-il donc matrassés, puisque v’là les siens ?… reprit-elle. — Et comment et pourqué ?… Dis-le donc, la Malgaigne. Ne reste pas à mittan de dierie. Conte-mé tout,