Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/194

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quait un prêtre pour exorciser Lasthénie ! Chose unique peut-être ! il y avait, dans ce petit château d’Olonde, que la Révolution n’a pas détruit et qui subsiste toujours avec ses trois tourelles, trois âmes de femmes assez malheureuses pour oublier, dans ce nid de douleurs où elles s’étaient blotties, tout ce qui n’était pas leurs cœurs saignants… Pendant que le sang des échafauds inondait la France, ces trois martyres d’une vie fatale ne voyaient que celui de leurs cœurs qui coulait… C’est pendant cet oubli de la Révolution oubliée que succomba Lasthénie, emportant dans la tombe le secret de sa vie, que madame de Ferjol croyait son secret. Rien n’avait pu faire prévoir à madame de Ferjol et à Agathe que sa fin fût si proche. Elle n’était pas plus mal ce jour-là que la veille et les autres jours. Elles n’avaient remarqué ni dans sa figure depuis longtemps d’une pâleur désespérée, ni dans l’égarement de ses yeux, de la couleur de la feuille des saules, et des saules pleureurs, car elle en avait été un qui avait assez pleuré de larmes ! ni dans l’affaissement de son corps inerte, si étrangement voûté,