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Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/202

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C’est la mort toujours là, la mort toujours auprès,
Frappant l’être à demi sans l’achever jamais.
Et telles sont pourtant nos colonnes d’Hercule,
Les piliers devant qui tout s’arrête ou recule,
Les blocs inébranlés où les générations,
L’une après l’autre, vont fendre et briser leurs fronts ;
Le dilemme fatal aux plus sages des hommes,
Le rendez-vous commun de tous tant que nous sommes,
Où l’un vient pour avoir trop vécu hors de soi,
Et n’être en son logis resté tranquille et coi,
L’autre, parce qu’il a regardé sans mesure
Dans l’abîme sans fond de sa propre nature ;
Celui-ci par le mal, celui-là par vertu ;
Tous, hélas ! Quel que soit le mobile inconnu,
Par l’éternel défaut de notre pauvre espèce,
La misère commune et l’humaine faiblesse ;
Et, de ce large cercle où tout semble aboutir,
Où les deux pieds entrés, l’on ne peut plus sortir ;
Où, gueux, roi, noble et prêtre, enfin la tourbe humaine