Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/217

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Chercher aux cieux lointains une meilleure étoile.
La famine nous ronge au milieu de nos champs,
Et pour nous les cités regorgent de misère ;
Nos corps nus et glacés n’ont pour tous vêtements
Que les haillons troués de la riche Angleterre.

Pourquoi d’autres que nous mangent-ils les moissons
Que nos bras en sueur semèrent dans nos plaines ?
Pourquoi d’autres ont-ils pour habits les toisons
Dont nos lacs ont lavé les magnifiques laines ?
Pourquoi ne pouvons-nous rester au même coin,
Et, tous enfants, puiser à la même mamelle ?
Pourquoi les moins heureux s’en vont-ils le plus loin ?
Et pourquoi quittons-nous la terre maternelle ?

Ah ! Depuis bien longtemps tel est le vent fatal
Qui loin des champs aimés nous incline la tête,
Le destin ennemi qui fait du nid natal
De notre belle terre un pays de tempête,
Le mépris et la haine… ô ma patrie, hélas !