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Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/277

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Saisissent mon esprit de terreurs sans pareilles,
Et je sens que le monde en toutes ses merveilles
Ne nous présente pas de prodige plus beau
Et de levier plus fort que l’homme et son cerveau.
Et pourtant, au milieu de ce chant de victoire,
Dans mon âme descend une tristesse noire ;
Le regret comme une ombre obscurcit mon front nu,
Et je ne songe plus qu’à pleurer le vaincu ;
Et je m’écrie alors : — ah ! Sur l’œuvre divine
Verra-t-on sans respect se vautrer la machine,
Et comme hippopotame, insensible animal,
Fouler toute la terre avec un pied brutal ?

Où les cieux verront-ils luire leurs voûtes rondes,
Si mille pieds impurs viennent ternir les ondes ?
Que diront les glaciers si leurs neigeux sommets
Descendent dans la plaine et s’abaissent jamais ?
Et l’aigle, si, quittant le pays des nuages,
Au dieu brûlant du jour il ne rend plus d’hommages.
Et la grande verdure et ses tapis épais,
Et les hauts monuments des antiques forêts,