Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/279

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Éternisait notre âge et faisait de la vie
Un vrai champ de blé d’or toujours digne d’envie ?

Hélas ! Si les destins veulent qu’à larges pas
Fuyant et reculant devant nos attentats,
Tu remontes aux cieux et tu livres la terre
À des enfants ingrats et plus forts que leur mère,
Ô nourrice plaintive ! ô nature ! Prends-moi,
Et laisse-moi vers Dieu retourner avec toi.

La nature.


Ô mon enfant chéri ! Toi qui m’aimes encore,
Et devines en moi ce que la foule ignore ;
Toi qui, laissant hurler le troupeau des humains,
Viens souvent m’embrasser, me presser de tes mains,
Et, roulant par les airs des plaintes enfantines,
Sur mon sein verser l’or de tes larmes divines :
Oh ! Je comprends tes cris, tes mortelles frayeurs,
Et dans tes yeux gonflés la source de tes pleurs !