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Page:Barbier - Satires et Chants, 1869.djvu/204

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s mérite Ne peut user ses jours à ravauder les bas D’un père infortuné qui souvent n’en a pas. Quant au vieux, j’en réponds, plus prompts qu’un feu de pailles, Les salaces désirs lui mordront les entrailles.

Bertrand. Mais, Macaire, je crains qu’un homme laid et vieux Ne soit pour sa jeunesse un objet odieux, Qu’il n’inspire à son cœur dégoût et répugnance.

Macaire. Que ta cervelle est lourde et pleine d’ignorance ! Vois-tu pas tous les jours des enfants de vingt ans Aux glaces de l’hiver marier leurs printemps ; Et sont-ce là vraiment les plus mauvais ménages ? Non, l’or embellit tout, même les vieux visages ; Que ta fille du vieux tâte un jour seulement, On l’en séparera plus difficilement Qu’un chien de l’os qu’il ronge ; — alors, fût-ce le diable, Il n’est point de rival qui vous soit redoutable, Ni de parent adroit qui vous puisse ravir L’héritage brillant que vous voulez tenir. Quand je dis, cependant, que vous n’avez nul être À craindre, je pourrais vous abuser peut-être, Car de vous peut venir le danger sérieux. J’admets que vous soyez installés tous les deux Au logis du vieillard : ta fille est son délice ; Le testament est fait à votre bénéfice, De la main du barbon écrit entièrement, Remis en lieu certain et le seul testament.

Tout va bien : mais alors, sûrs de votre conquête, N’allez pas de bonheur tous deux perdre la tête ! Ta fille imprudemment, en public, au grand jour, De quelque beau lion encourager l’amour, Et toi, souvent lassé d’un radoteur q