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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/196

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TRAGEDIE.

Mais il en faut ici rappeller la mémoire,
Puiſque l’on me réduit à défendre ſa gloire :
Vous ſçavez de Cyrus quels furent les Ayeux ;
Il les voit remonter juſqu’au Maître des Dieux.
Il fit trembler les Rois, même avant que de naître.
L’Aſie en frémiſſant le reconnut pour Maître,
Et pour nous annoncer ſa future grandeur,
Le Dieu qui nous éclaire en perdit ſa ſplendeur.
Je ne vous parle point des fureurs d’Aſtyage,
Qui pour trancher ſes jours, choiſit la main d’Arpage.
Cyrus fut garanti de cette affreuſe loi,
Et par le ſoin des Dieux il vécut, il fut Roi.
Ce Roi dont la naiſſance avoit troublé le monde,
Se bornoit à regner dans une paix profonde ;
Lorſque des Lydiens le Maître ambitieux,
Se chargea d’accomplir les volontés des Dieux.
Créſus fut le premier à nous faire la guerre ;
Son trône par Cyrus d’abord fut mis par terre ;
Le fils de Nitocris partageant ſa fureur,
Bientôt dans Babylone eut part à ſon malheur.
De ces deux Rois unis tel fut le ſort funeſte.
Ils tomberent ; leur chute entraîna tout le reſte :
Et Cyrus ſignalant la douceur de ſes loix,
Fait autant de Sujets que l’Aſie eut de Rois.
D’un ſort commun à tous j’excepte Cyaxare ;
Mais à quitter le ſceptre enfin il ſe prépare.
De ſon pere Aſtyage il condamne l’erreur,
Et donne à ſes États Cyrus pour Succeſſeur.