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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/235

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TOMYRIS,

Sans doute par Cyrus ſe croyant outragée ;
Sa derniere eſperance eſt de ſe voir vengée.
Si ſa bouche pour vous ſe déclare une fois,
Cyrus, tout fier qu’il eſt, reſpectera ſon choix ;
Ou plûtôt pour jamais renonçant à ſa flâme,
A la ſeule grandeur il livrera ſon ame.

Aryante.

Non, ne nous flattons pas de le voir en ce jour ;
Pour ſe rendre à ſa gloire oublier ſon amour.
Pour Mandane un tel ſort ne fut jamais à craindre,
Elle allume des feux que rien ne peut éteindre :
Et l’ingrate à mon cœur ne l’a que trop appris,
Puiſque je l’aime encor après tous ſes mépris.

Tomyris.

Hé bien, de ſes mépris puniſſez l’inſolence,
Et dans un prompt Hymen cherchez-en la vengeance.

Aryante.

Ah ! s’il faut me venger, c’eſt plûtôt d’un rival,
Qui ſeul de mon bonheur eſt l’obſtacle fatal :
Tant qu’il verra le jour, point d’Hymen à prétendre.
Pour en briſer les nœuds il peut tout entreprendre ;
Fier même dans les fers, ſi jamais il en ſort,
Il ſacrifiera tout à ſon jaloux tranſport ;
Il faut le perdre enfin, ou ma perte eſt certaine.

Tomyris.

Vous parlez en rival, je dois agir en Reine.
Si ce fameux captif periſſoit aujourd’hui,