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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/236

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TRAGEDIE.

Tout mon peuple auſſi-tôt périroit après lui.
Cependant je vois trop que pour vous ſatisfaire,
En vain je veux agir moins en Reine qu’en Mere :
Il eſt tems de me rendre au bien de mes Sujets,
Je ne puis les ſauver qu’en acceptant la paix.
Mais ſongez à quel prix Cyrus me la propoſe :
De tous nos differens il faut ôter la cauſe,
Il faut remettre enfin Mandane en liberté ;
Votre cœur ſur ce point s’eſt-il bien conſulté ?
Et peut-il ſans fremir perdre tout ce qu’il aime ?

Aryante.

 
Dieux ! à quoi me réſoudre ?

Tomyris.

 
Dieux ! à quoi me réſoudre ? A vous vaincre vous-même,
A ſervir un rival, à couronner ſes feux,
A mourir, puiſqu’enfin vous n’oſez être heureux,
J’avois pour votre amour ſignalé ma prudence,
Il ne vous en coutoit qu’un peu de violence.
Vous n’avez pas voulu. Soupirez, gemiſſez ;
Venez voir d’un rival les feux recompenſez :
Mais n’accuſez que vous d’un Hymen ſi funeſte.

Aryante.

Moi, je pourrois former des nœuds que je deteſte !
C’en eſt fait, je me rens. Le bonheur d’un rival
Eſt de tous les malheurs pour moi le plus fatal.
Oui, ſans plus differer, achevons notre ouvrage,
Pour devenir heureux mettons tout en uſage ;
Et vous, ne ceſſez point d’exercer vos bontez,
Madame.