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TOMYRIS,

L’ardeur d’un tendre amant ou plûtôt d’un Epoux,
Qui d’un cœur ſans partage eſt plus digne que vous.

Cyrus.

O Ciel ! il eſt donc vrai ? votre cœur infidéle
Brule pour mon Rival d’une flâme nouvelle ;
Mais que dis-je, nouvelle ? Un ſi parfait amour
N’eſt pas dans votre cœur formé depuis un jour :
Et tantôt mon Rival… Dieux ! je n’oſois le croire.
Hé, pouvois-je penſer, ſans bleſſer votre gloire,
Que tandis que Cyrus, au ſeul bruit de vos fers,
Abandonnoit pour vous cent Triomphes divers,
Et dans un vaſte champ ouvert à ſes conquêtes
Négligeoit de cueillir des palmes toutes prêtes,
Pour venir en ces lieux vous conſacrer ſes jours,
Votre cœur lui gardât de perfides amours ?

Mandane.

Hé de quoi m’a ſervi l’ardeur de votre zele ?
N’avois-je pas aſſez de ma douleur mortelle ?
Falloit-il redoubler l’horreur de ma priſon
Par l’horreur du parjure & de la trahiſon ?
Que ne me laiſſiez-vous dans un long eſclavage ?
J’aurois pu me flater que votre grand courage
Gardoit, pour le dernier de ſes fameux exploits,
L’honneur de m’arracher à de barbares loix :
Ou du moins votre cœur m’auroit permis de croire
Qu’il n’oublioit l’amour que pour ſuivre la gloire.
Mais, helas ! vous venez, vous volez en ces lieux,