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DE CESAR.

J’ai pour m’en aſſurer une plus douce voye,
J’en prendrai ſoin. Allez, faites qu’on me l’envoye.


Scène 4

CESAR, ALBIN.
Cesar.


O Dieux ! à quels malheurs mes jours ſont condamnés.
Je ne vois que périls l’un à l’autre enchaînés,
Tout me nuit, tout m’allarme ; & le ciel & la terre
Semblent être d’accord pour me faire la guerre,
Oui, tout prêt à me voir maître de l’univers,
Albin, je dois m’attendre au plus affreux revers.
Plus on me croit heureux, & plus je ſuis à plaindre.

Albin.

Quoi le cœur de Ceſar eſt capable de craindre !
Ce cœur que juſqu’ici rien n’avoit pu troubler.
Pour la premiere fois apprendroit à trembler !
Ah ! Seigneur, pourſuivez votre illuſtre carriere.

Cesar.

Il faut te découvrir mon ame toute entiere :
C’eſt toi dont pour mes jours la foi ſe ſignala,
Quand j’allois éprouver la fureur de Sylla,
Et ta tendre amitié que rien ne m’a ravie,
Ne peut être ſuſpecte à qui te doit la vie.
J’ai de l’ambition, je ne m’en cache pas ;