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LA MORT

Lui prêtoit contre vous un secours redoutable ;
Je m’opposai moi seul au Consul Marcellus,
Et par moi ce secours marcha vers Bibulus.
Ce grand coup, & cent fois vous l’avez dit vous-même,
Fit passer en vos mains l’autorité suprême,
Et votre Concurrent dénué de soldats,
Par là se vit contraint à fuir devant vos pas.
Mais allons plus avant, aux champs de Macédoine,
Quel ami fut pour vous plus fidéle qu’Antoine ?
Le sort vous y gardoit un funeste revers,
Si je n’eusse été prompt à traverser les Mers,
Du Chef Gabinius quel que fût le courage,
Il n’en eut pas assez pour défier l’orage ;
Je le bravai pourtant, & mes heureux secours
Mirent en sûreté votre gloire & vos jours :
Vous vainquîtes enfin : mais cette seule guerre
N’avoit pas décidé du destin de la terre ;
Juba vous attendoit sur les bords Afriquains ;
Il falloit voir encor Romains contre Romains,
Avant que tout fléchît sous les loix d’un seul homme,
Et votre éloignement vous auroit nui dans Rome,
J’y courus par votre ordre, & trop sûr de ma foi,
Votre cœur de ce soin se reposa sur moi :
J’arrivai, je trouvai Borne à demi rebelle,
Par les complots secrets d’un Tribun infidelle :
Mais contre les mutins ma foi se signala,
Et soumit avec eux leur Chef Dolabella.