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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/348

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DE CESAR.

Voilà ce que j’ai fait ; si c’est être perfide !
Je consens contre moi que votre cœur décide.
Mais quand vous n’en croyez que ce cœur & les Dieux,
Seigneur, un faux éclat peut éblouir vos yeux ;
Et je tremble pour vous, si votre ame trompée
Confond vos vrais amis avec ceux de Pompée.

Brutus.

Sans vous importuner, Seigneur, d’un long discours,
Je conviendrai d’abord qu’au repos de vos jours
La perte de Brutus plus que tout autre importe ;
Tout est suspect en moi, jusqu’au nom que je porte,
Et les Dieux, dont l’avis n’est pas à dédaigner,
S’ils ne me nomment pas, semblent me désigner.
Cependant jusqu’ici de quoi m’accuse Antoine ?
D’avoir suivi Pompée aux champs de Macedoine ?
Vous sçavez trop, Seigneur, avec tous les Romains,
Que du sang de mon pere on vit rougir ses mains.
Non, je ne suivis pas l’assassin de mon pere ;
Je suivis le Sénat, & crus le devoir faire.
Si je fus dans l’erreur, j’attendois que les Dieux,
Pour m’en faire sortir, m’eussent ouvert les yeux.
Pour vous contre Pompée à peine ils prononcerent,
Que je fus du parti que les Dieux embrasserent ;
Je me rendis à vous. Depuis chez les Gaulois
Par votre ordre, Seigneur, je dispensai vos loix,
J’y remplis mon devoir, & par la renommée
Du succès de mes soins Rome fut informée.