Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/231

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et sombre comme un démon guettant une âme, comme toute l’Église sur toute l’humanité mourante.

— Dis-le… Dis-le… Dis-le…

L’autre essaya de se dégager, et râla furieusement, tout bas, avec tout le reste de sa voix : Non.

— Canaille ! lui cria le prêtre.

— Tu mourras au moins avec un crucifix dans les griffes.

Il tira un crucifix de sa poche, et le lui plaça sur la poitrine, lourdement.

L’autre se remua en une sourde horreur, comme si la religion eût été contagieuse, et rejeta l’objet par terre.

Le prêtre se baissa en marmottant des insultes : « Pourriture, tu veux crever comme un chien, mais je suis là ! » Il ramassa la croix, la garda dans sa main, et l’œil étincelant, sûr de survivre et d’écraser, attendit pour la dernière fois.

Le mourant haletait, complètement à bout de fortes, rendu. Le prêtre, le voyant en son pouvoir, lui posa de nouveau le crucifix sur la poitrine. Cette fois, l’autre le conserva, ne pouvant plus que le regarder avec des yeux de haine et de naufrage ; et ses regards ne le firent pas tomber.

Quand l’homme noir fut parti dans la nuit, et que son interlocuteur peu à peu se réveilla de lui, s’en délivra, je pensai que ce prêtre, dans sa vio-