Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/283

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la couche, le pied se crispe, le bas a glissé sur la belle chair de marbre doré, la cuisse est tachée d’écume et de sang. La jeune femme tout entière a l’air d’une statue jetée à bas de son piédestal et mutilée. Et le profil mâle, à l’œil acharné, semble celui d’un fou criminel dont la main est altérée de sang.

Ils sont aussi rapprochés qu’on peut l’être : ils se tiennent par les deux mains, par la bouche et par le ventre, serrant l’une sur l’autre leurs deux figures qui ne se voient plus, s’aveuglant de leurs yeux trop proches, puis, tordant leurs cous, ils détournent leurs yeux dans ce moment où ils se servent le plus l’un de l’autre.

Ils sont, par hasard, heureux en même temps, ralentis dans les accords plus longs de l’extase. Tout le tour de la bouche de la femme est mouillé et étincelle, comme si les baisers en coulaient et en rayonnaient.

— Ah ! je t’aime, je t’aime ! chante-t-elle, roucoule-t-elle, râle-t-elle. Puis, ce sont des bruits inarticulés, qu’elle laisse tomber en une sorte d’éclat de rire. Elle dit : « Chéri, chéri, mon petit chéri ! » Elle bégaye d’une voix brisée comme en pleurant : « Ta chair, ta chair ! », et une suite de phrases tellement incohérentes que je n’ose même pas me les rappeler.

Et après, comme les autres, comme toujours, comme eux-mêmes le feront souvent dans l’étrange