Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces chefs, les principaux formaient une confédération appelée des douze frères ; chacun de ceux-ci, maître absolu dans la limite de ses possessions, n’en demeurait pas moins dans une sorte de dépendance féodale du rajah et du peschwah qui le représentaient. Scindiah et Holkar, d’autres encore, à diverses époques, devinrent de fait les véritables souverains de la confédération ; mais, fidèles en cela à un côté caractéristique des mœurs indoues, ils conservèrent soigneusement aux peschwahs tous les attributs honorifiques de cette charge. Ainsi nous avons ce singulier spectacle : une famille royale demeurée sur le trône qui lui a été légué par ses pères, mais dépouillée du pouvoir ; à côté d’elle une famille de maires du palais, dans laquelle a passé ce pouvoir où il est devenu héréditaire ; puis à côté de cette usurpation, lorsqu’elle s’est pour ainsi dire légitimée par le temps, certains chefs puissants qui à leur tour exercent la plénitude du pouvoir, mais continuent d’en respecter le simulacre et le titre dans les usurpateurs qui les ont précédés, comme ceux-ci l’avaient fait d’ailleurs dans la véritable famille royale. Ils se greffent pour ainsi dire sur la dynastie des peschwahs, comme ceux-ci l’avaient fait sur celle du rajah. Étrange phénomène des mœurs de l’Inde ! contraste singulier qu’elles forment avec les nôtres ! Chez nous le fait ne croit