Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/438

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godes d’or, ou environ 9 millions de livres tournois de cette époque ; les Anglais firent des billets pour ce qu’ils ne purent payer comptant de cette somme, et livrèrent des otages. De son côté, l’amiral s’engageait à leur rendre la place du 10 au 15 octobre, à leur laisser, pour qu’ils fussent à même de se défendre, une partie de leur artillerie et de leurs munitions. Pendant tout ce temps, Dupleix ne cessait de renouveler avec plus d’insistance de jour en jour ses représentations contre le traité ; il menaçait La Bourdonnais de la colère de la Compagnie, de celle du ministère et du roi lui-même. Celui-ci répondait : « J’ai juré sur mon honneur de rendre Madras aux Anglais, je tiendrai ma parole, dussé-je le payer de ma tête. » Le gouverneur et le conseil de Pondichéry en vinrent alors à des moyens violents. Ils dépêchèrent vers l’amiral deux officiers chargés de lui signifier les arrêts et de s’assurer de sa personne. Ces officiers, arrivés à Madras, se flattaient d’être secondés dans leur mission par les troupes de Pondichéry, mises depuis peu, et seulement pendant la durée du siège, sous les ordres de ce dernier ; ces troupes étaient déjà embarquées. Ils n’en tentèrent pas moins de remplir leur mission ; mais, aux premiers mots qu’ils en laissèrent échapper, La Bourdonnais, élevant la voix, leur dit : « C’est moi, messieurs, qui vous arrête ; donnez-moi vos épées, et prenez pour prison la maison du gouvernement. »

Le temps fut très beau pendant la journée du