Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/56

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Madras et Calcutta seront pour nous à la même distance qu’aujourd’hui Londres, Vienne, Saint-Pétersbourg. Nous parlions alors au point de vue politique ; nous pouvons en dire autant à celui de la science. Les esprits semblent, au reste, se diriger d’eux-mêmes vers les recherches historiques de toute nature. C’est sans doute le résultat presque nécessaire des circonstances où nous sommes, des temps où nous vivons. Les époques de crise sociale, de fin et de renouvellement, à travers toutes les amertumes et les désappointements dont elles inondent le cœur et la pensée, ont aussi quelques bons côtés ; elles invitent les intelligences sérieuses à l’examen de toutes les époques historiques, de toutes les questions sociales. L’appréciation des choses historiques et politiques devient plus facile qu’elle ne l’aurait été à d’autres époques. On a pour cela de certaines lumières qui précédemment auraient manqué. Les crises sociales amènent avec elles d’innombrables révélations politiques ; la rude main des révolutions déchire sans ménagement les épais rideaux qui se croisaient en tous sens alentour des mystères sociaux. Ce qu’il fallait être Platon, Bossuet ou Montesquieu pour deviner, devient visible à tous les yeux, à la portée de toutes les mains. Le plus vulgaire ouvrier comprend la machine qu’il a vu monter et démonter sous ses yeux,