Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/230

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veur. Cette annuité, commençant à courir à la date de son départ pour l’Inde, devait étre payée, soit à lui-même, soit à ses héritiers, pendant une période de vingt années. La popularité qui avait désigné lord Cornwallis pour les grandes fonctions de gouverneur-général lui fut fidèle tant qu’il les exerça ; elle le suivit après qu’il les eut résignées. Peu d’hommes publics, aucun, pour ainsi dire, n’ont eu ce bonheur au même degré. Et, chose singulière, toute son administration ne fut qu’une longue contradiction avec les sentiments et les idées qui lui avaient d’abord valu cette faveur de l’opinion : mieux encore, avec ses propres idées, ses propres sentiments. L’opinion publique, la cour des directeurs, et lui-même, voulaient avant tout des économies ; son administration fut plus coûteuse qu’aucune des précédentes ; l’opinion voulait que les affaires de l’Inde fussent gouvernées par l’autorité prépondérante du parlement ; il s’en affranchit, et non seulement ne fut pas condamné, mais au contraire pleinement approuvé ; l’opinion et lui-même voulaient avant tout le maintien de la paix ; et toute son administration s’écoula au sein de la guerre. C’est que lord Cornwallis avait un mélange heureux de fermeté, de modestie, et d’honorable susceptibilité. Par l’intégrité, la délicatesse, la noblesse de son caractère, par la franchise et l’aménité de ses manières, il se conciliait tous les cœurs ; toute mesure émanée de lui avait déjà comme une sorte de sanction morale.