Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/231

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Il put mettre ainsi une sorte de contradiction apparente entre les actes de son gouvernement et ses opinions précédemment énoncées, sans que sa considération d’homme public en reçut la moindre atteinte. Par un résultat analogue, sa réputation méritée de modération lui permit de faire des coups d’autorité dont aucun autre gouverneur n’aurait osé s’aviser. Ainsi, dans un besoin d’argent, on le vit suspendre l’envoi des chargements destinés pour l’Angleterre. Les mêmes qualités lui servirent à tirer un excellent parti de tous ceux placés sous ses ordres : car tous mêlaient du dévouement à sa personne à l’envie de remplir convenablement leurs devoirs. Bien qu’il eût remplacé le général Medows dans le commandement de l’armée de Madras, ce dernier ne lui en resta pas moins attaché ni moins dévoué ; ces deux hommes, dans une situation respective qui d’ordinaire engendre la haine et l’envie, ne rivalisèrent que d’ardeur pour le service public et de bons procédés, à l’égard l’un de l’autre. Toutes ces circonstances donnèrent à lord Cornwallis, d’autorité, une plus grande influence morale qu’aucun de ses prédécesseurs n’en avait eu, peut-être qu’aucun de ses successeurs n’en devait avoir.

Lord Cornwallis, il faut le répéter, n’avait point été doué par la nature du génie instinctif et hardi de Clive, du génie ferme, souple, plein de ressources de Hastings ; ses talents politiques n’étaient nullement remarquables. Il n’avait qu’une con-