Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/66

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fisait à les nourrir pendant long-temps. Un mois de vivres pour l’armée mysoréenne, à raison de la différence du nombre, ne pouvait manquer de nourrir pendant une année les troupes anglaises. En ce moment Tippoo se trouvait à la tête de 110,000 hommes, dont un grand nombre était composé d’esclaves, à la façon des janissaires turcs ; toute son armée, du reste, disciplinée à l’européenne. Il avait publié a l’usage de ses officiers un manuel contenant une grande partie des manœuvres européennes, auxquelles il en avait ajouté quelques autres de sa propre invention. Les marches, les campements, la fortification de campagne, etc., faisaient le sujet d’autres instructions analogues. Tippoo aimait la guerre pour la guerre ; mais vis-à-vis des Européens son ardeur guerrière était encore aiguillonnée par son fanatisme religieux. Il se précipitait avec joie dans des hasards qui satisfaisaient son ambition terrestre tout en lui ouvrant les portes du paradis.

Cette guerre commençait une ère nouvelle dans la politique de l’Inde. Jusque là le gouvernement de Madras et les directeurs avaient eu pour maxime constante de considérer Tippoo comme une barrière utile et nécessaire entre les Mahrattes et le territoire de la Compagnie. Mais une opinion différente commençait à se faire jour, ayant pour organes les jeunes générations, les fonctionnaires, les officiers, dont les idées s’étaient développées dans l’Inde. Cette opinion était hostile à Tippoo et favorable à l’alliance avec les Mahrattes, Par l’or-