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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/125

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mal, l’usage d’une procédure plus sommaire fut accordé aux zemindars, ainsi que le pouvoir de vendre pour réaliser leurs rentes. Ils acquéraient de la sorte, à l’égard des ryots, le pouvoir que le gouvernement s’était réservé vis-à-vis eux. Aussi les ryots allaient-ils se trouver sans réserve à la discrétion des zemindars, ce qui était un autre inconvénient. Ces derniers pouvant mettre en vente les terres des ryots, sans l’intermédiaire d’une cour de justice, se trouvaient tout-à-coup revêtus d’un pouvoir exorbitant, tyrannique, dont ils devaient abuser, parce que depuis long-temps toute tradition était perdue, tout équilibre détruit, toute barrière morale détruite. La loi anglaise devint ainsi tout-à-coup un instrument terrible ; dans les mains des zemindars, ruinant les ryots, dans celle des ryots les zemindars. Sous la domination mogole, rien n’était chose plus aisée pour le zemindar que de faire rentrer l’impôt. Le moyen consistait en un certain nombre de garnisaires, qu’il envoyait chez les fermiers en retard. Ce nouveau pouvoir de vendre les terres, dont la loi nouvelle armait le zemindar, était bien supérieure à celui-là ; toutefois l’effet produit fut beaucoup moindre. C’est que dans le premier cas les rapports des zemindars et des ryots étaient le résultat dune longue durée, que l’habitude l’avait sanctionné et mis d’un côté un certain ascendant moral. Aujourd’hui cette force morale n’existait plus. L’équilibre une fois détruit, le législateur, s’évertuant à jeter des poids tantôt