Aller au contenu

Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

caractère de pauvres, mais tout-à-fait inefficaces. Malgré tous les efforts de la cour de justice, malgré l’augmentation des dépenses, le nombre des procès ne fit qu’augmenter de plus en plus. En 1802, il montait à un chiffre tellement exagéré, que l’imagination se refusait à le croire, à en juger par analogie avec l’Europe. Dix ans après le mal s’était aggravé. À cette époque, les directeurs s’exprimaient de la sorte : « Nous sommes réellement fâchés de l’accumulation de tant de causes non jugées. Nous nous demandons s’il ne serait pas mieux de laisser les indigènes à leurs tribunaux arbitraires et expéditifs, que de les blesser dans leurs sentiments et leur faire tort dans les propriétés en imposant un délai sans terme à leurs contestations, sous prétexte de leur rendre une justice plus impartiale. » On ne pouvait mieux dire. Une augmentation du nombre de juges sembla bien d’abord un moyen de sortir d’embarras, mais cette augmentation aurait dû se faire dans une telle proportion, que la cour des directeurs reculait devant cette charge.

La même raison fit augmenter les crimes de diverses natures à des degrés effrayants. Sir Henry Strachery, un juge, dans une déclaration devant le parlement, disait : « Depuis l’année 1793, les crimes de tout genre sont augmentés ; je suis porté à croire qu’ils augmentent encore. L’accroissement de cette année est douteux ; mais nul ne peut nier qu’immédiatement après 1793, pendant cinq ou six ans, il a été manifeste et rapide ; que, depuis,