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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/248

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culture de la cannelle ; les îles Banda à celle de la muscade ; les îles d’Amboyne et d’Urcaster à celle du girofle, sans qu’il fût permis d’avoir de la girofle à Banda ni de la muscade à Amboyne. Les autres établissements des Hollandais dans les Moluques avaient pour objet d’empécher les autres. nations de s’y établir, de découvrir et de brûler au fur et à mesure tous les arbres à épices. La récolte en épices se faisait en décembre ; à cette époque, les gouverneurs d’Amboyne et de Benda rassemblaient tous les fonctionnaires sous leurs ordres ; plusieurs jours se passaient en réjouissances et en festins ; puis ils partaient sur de grands bateaux, pour assister à la récolte de la partie des épices conservées, pour détruire et brûler l’autre. L’industrie de l’homme, qui partout ailleurs se propose d’aider à la fertilité de la nature, avait ici pour objet de la combattre et de la resserrer ; singulière lutte qui se renouvelait d’année en année, entre l’avarice insatiable du monopole et la puissance productive d’un sol d’une inépuisable fertilité.

Batavia, appelée autrefois la reine de l’Orient, avait vu depuis plusieurs années sa prospérité décroître. À cette époque, elle était encore riche, populeuse et centre d’un commerce immense. Les rues de Batavia étaient larges, droites, et pour la plupart bordées d’un canal et d’arbres. Par la construction et la forme des édifices, elle rappelait une ville hollandaise, qu’on s’étonnait de retrouver