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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/392

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malgré la perte d’un œil, l’expression de son visage ne manquait pas d’agrément. Élevé avec soin, d’un esprit cultivé, il entendait le persan et le parlait avec facilité ; il écrivait dans sa propre langue avec beaucoup d’élégance et de correction. On ne lui connaissait pas de rivaux dans l’équitation, l’escrime, le maniement de la lance. Son courage personnel égalait au moins son adresse : il conduisait lui-même les charges de sa cavalerie ; bon nombre d’ennemis tombèrent sous ses propres coups. Doué de toutes les qualités propres à faire de lui un des chefs mahrattes les plus renommés de son temps, il était surtout passé maître dans l’art de conduire, de dominer la bande d’aventuriers qui faisaient le fond de ses armées. La flatterie, la plaisanterie, la gaieté, les promesses, il savait employer tout cela avec un art merveilleux, soit pour suppléer au manque de solde, soit pour leur faire supporter les fatigues et les périls. D’ailleurs toute désobéissance formelle, toute tentative d’insurrection était immédiatement réprimée avec une énergie de nature à faire trembler les plus hardis. Un officier afghan s’avisait un jour de vouloir le retenir de force, ou presque de force à Poonah, prétendant le contraindre à écouter ses plaintes sur sa solde arriérée : « Ne vous trompez pas, s’écria tout-à-coup Holkar, ne me prenez pas pour Ameer-Khan. Je suis bien plutôt homme à vous prendre ce qui vous reste qu’a vous donner quelque chose » Ses accès de colère étaient terribles, mais pas-