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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/434

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son incontinence et celle de ses filles. L’une de ces dernières fut soupçonnée d’un commerce adultère avec le fils de Keisoree : or, les frères du nabob, ennemis du premier ministre, se servirent de cette circonstance pour le perdre ; ils dénoncèrent le fait au prince. Nulle accusation ne pouvait lui être plus nuisible ; l’orgueil et les préjugés d’un Afghan étant également révoltés à l’idée que l’honneur de sa race et sa pureté ont pu être souillés par un Indou. Keisoree, instruit de ce qui se passait, se tenait sur ses gardes, prenait ses précautions. Croyant nécessaire à la réussite de leurs projets d’endormir ses soupçons, les frères du nabob se présentèrent chez lui. L’un d’eux, nommé Imnil, lui remit même un Koran magnifiquement enveloppé ; c’était, à l’entendre, le plus solennel gage de ses bonnes intentions qu’il pût offrir : mais, sous son enveloppe éclatante, ce prétendu Koran n’était qu’une brique. En revanche, les frères du nabob sommèrent le ministre de leur remettre les sceaux de l’État ; et ce dernier, rassuré par le don du Koran, se montrait disposé à accéder à cette demande. Les chefs de l’armée tentèrent de s’y opposer ; ils le supplièrent de garder ce sceau, symbole de toute autorité, pour ne le remettre qu’au nabob, lui promettant de lui obéir aveuglément tant qu’il le posséderait. Keisoree, le remerciant de ses bonnes intentions, les pria de se retirer. « Je puis mourir, dit-il, non trahir mon prince. » Le don du Koran semblait d’ailleurs le rassurer com-