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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/435

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plétement. Cependant, ce même jour, à peine eut-il franchi le seuil de sa maison, que son palanquin fut renversé par des hommes armés qui le poignardèrent lui et son fils. Dans la prévision de ce fatal événement, la femme de Keisoree avait rassemblé dans une chambre toutes les femmes de la famille. Elle y fit transporter immédiatement une grande quantité de poudre à canon. Un serviteur fidèle étant venu lui donner la nouvelle du meurtre de son mari et de son fils, elle mit aussitôt le feu aux poudres, ensevelissant à la fois les restes de la famille sous les débris de sa maison, détruisant même une partie du vieux fort. Cette explosion, qui se fit au milieu du jour, jeta la consternation parmi les habitants de Bhopal. Feyz-Mahomet se contenta de déplorer la mort de son ministre, qu’il n’avait pas assez d’énergie pour venger ; il ne survécut d’ailleurs que fort peu à cet événement, et mourut dans sa quarante-huitième année, après en avoir régné nominalement trente-huit. Ce prince vécut toute sa vie dans une profonde retraite. Pendant toute la durée de son règne, on ne le vit, dit-on, sortir qu’une seule fois de l’enceinte de son palais, et c’était pour se rendre devant la forteresse de Bhisla, assiégée par une armée à lui. Le lendemain de son arrivée, la forteresse se rendit. Cette circonstance, sa vie retirée, la tendance des Afghans à attribuer un caractère prophétique et saint à leurs princes, firent révérer pendant de longues années sa mémoire à Bhopal.