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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/439

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décidé à tout hasarder pour accourir lui proposer ses services ; que son sabre et son bras sont toute sa richesse, mais qu’il vient les consacrer à sa patrie. En dépit de toute son indolence, de toute son apathie, le vieux nabob se sentit ému du langage franc et naïf du jeune soldat ; il serre dans ses mains, presse contre sa poitrine la tête de Visir-Mahomet, il le salue comme le sauveur à venir de leur patrie commune. En ce moment, les troupes de Nagpore assiégeaient Hussingabad ; les déprédations des Pindarries s’accroissaient de jour en jour. Visir-Mahomet se distingua dans toutes ces occasions. Huit mois après son entrée à Bhopal presque seul et inconnu, il était déjà un des candidats pour l’office de dewan ou premier ministre ; le nabob inclinait à l’y nommer, mais les répugnances de son fils et de sa femme le décidèrent en faveur de Moorad-Mahomet, descendant de Sultan-Mahomet-Khan.

Le nouveau dewan vint prendre possession du gouvernement, accompagné de 1,000 cavaliers qui lui appartenaient. Fort différent de Visir-Mahomet, Moorad avait plutôt les mœurs et les manières d’un marchand indou que d’un chef afghan. Il passa le premier jour de son arrivée au jardin de son grand-père, livré aux affections de famille. Il se lamenta long-temps au souvenir des malheurs de sa famille, que ce lieu lui rappelait. Il embrassait en pleurant les arbres plantés par ses ancêtres. Introduit le lendemain en présence du vieux nabob, il lui parla dans le plus humble langage : il