Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/198

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gent, mais en général avare et souvent perfide. Employé dans les affaires, la ruse, la fourberie, la fraude étaient ses moyens habituels ; il n’en changeait pas, quelque changement qu’éprouvât sa fortune. La constitution politique lui permettait en effet de s’élever de la situation la plus obscure aux postes les plus élevés de l’État. Le guerrier mahratte, soit chactryas, soit simple sudra, ne différait pas essentiellement du brahme sous ce rapport : il estimait autant la ruse que la valeur, il se glorifiait autant d’une fuite rapide que d’une attaque hardie ; il prisait l’argent au-dessus de tout. Mais il avait aussi d’excellentes qualités ; il supportait la faim, la soif, la fatigue, les revers mieux qu’aucun autre soldat du monde ; d’un autre côté, l’éclat de la fortune ne changeait rien à la primitive simplicité de ses premières habitudes. Plusieurs de ces chefs mahrattes conservaient à la tête des armées, presque sur le trône, les mêmes mœurs, en quelque sorte le même vêtement que lorsqu’ils cultivaient leurs champs ou gardaient les troupeaux. Différents en cela de ce qu’ils sont dans le reste de la terre, chez eux les parvenus ne visaient qu’à la réalité du pouvoir, non pas à son apparence, non pas à l’éclat des rangs et des titres. Cette conduite, naturelle en eux, leur rendait facile de captiver à la fois les princes et les peuples : les princes se contentaient souvent de concessions extérieures sur le rang, la dignité ; les peuples se trouvaient flattés de voir quelques uns des conquérants mahrattes les