Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/432

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reçu, les Anglais n’en marcheraient pas moins sur la capitale. Au sortir du champ de bataille de Pagahammew, le roi de l’Enfer se présenta hardiment à la cour ; il demandait quelques milliers d’hommes de plus pour tenter encore une fois le sort des combats ; son audace avait survécu à la fortune. L’empereur l’écouta quelques instants ; mais à peine ce discours terminé, il fit de sa javeline un signe trop bien connu de ceux qui l’entouraient : ils se saisirent du roi de l’Enfer et se dirigèrent vers une place consacrée aux exécutions capitales. Pendant le trajet, il souffrit tous les mauvais traitements dont une populace et une soldatesque furieuses purent s’aviser à son égard. Il s’y montra constamment insensible. On ne vit se démentir ni son courage, ni la fidélité qui l’avait poussé le dernier sur la brèche ; au moment de perdre de vue le palais du roi, il inclina soudainement la tête et fléchit les genoux en disant : « Que du moins il me soit permis de prendre un congé respectueux de la demeure de mon souverain. » Peu de moments après, les éléphants le foulaient aux pieds. Telles furent la fin et la récompense du seul homme qui par son courage indomptable se montra au niveau des malheurs de sa patrie, qui au milieu des revers et des défaites fut le seul à ne pas désespérer du salut de l’empire.

Le 16, l’armée anglaise se remit de nouveau en marche, après un séjour de cinq jours à Pagahammew, et prit position sur les bords de la rivière Pau-