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LA MONTAGNE NOIRE. — LE LIBRETTO

Mirko, comme don José, est aimé d’une charmante fille, qu’il aime, et sa vie coulerait heureuse sans une passion soudaine, irrésistible pour une créature perverse. Comme Micaëla, Hélena tâche de ramener à elle son fiancé. Comme don José, Mirko a des remords, mais Yamina, de même que Carmen, survient, elle danse, se montre amoureuse, excitante… toutes les belles résolutions de don José, ou de Mirko, s’évanouissent, la passion néfaste mène jusqu’au crime ou jusqu’à l’ignominie celui qui dans la vertu eût trouvé le bonheur durable.

Seulement, les personnages de Mérimée, si puissamment el profondément rendus par Bizet, sont pleins de vie : nous les voyons, nous les comprenons, nous agirions comme eux. Carmen est la bohémienne indépendante et passionnée, jouant avec la même virtuosité des castagnettes ou du couteau ; fataliste, disputeuse, inconsciente, coquette et sujette à caprices violents ! Le beau brigadier, don José, puis le prestigieux toréador, Escamillo, en bénéficieront. Don José, lui, est un simple et brave garçon, il subit une sorte d’ensorcellement émanant de l’impudente cigarière ; peut-être, néanmoins, finirait-il par lui échapper, s’il n’était point jaloux. Malheureusement, la jalousie le tenaille ; elle l’a armé contre son supérieur ; plus tard elle le retient, plus que l’amour, quand il suppose que sa maîtresse souhaite la liberté pour courir à de nouvelles aventures. À la fin, la pensée que Carmen le repousse afin de rejoindre un autre amant l’affole et le conduit au meurtre.