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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

d’existence au professorat, si pénible lorsque, inaccoutumé, il s’impose comme unique palliatif à l’adversité.

Dans la composition, Augusta Holmès ne semble pas avoir tenté de nouveaux efforts ; aucune œuvre importante ne surgit dans la période de huit années qui suivit l’échec de sa Montagne Noire et précéda sa mort. La femme même s’abandonna. En deux ou trois ans, constate un de ses familiers, on la vit vieillir de quinze années, au point de devenir méconnaissable ! Son caractère également se métamorphosa et perdit sa vaillance, sa gaieté, son exubérance cordiale.

Elle crut ou voulut croire à l’injustice du public et de la critique ; peut-être douta-t-elle de son talent ! Elle dut sentir qu’elle était vaincue, blessée à mort, et bientôt sombra dans le définitif repos. Elle avait cinquante-six ans quand, à la fin de janvier 1903, elle mourut. La presse enregistra sa perte en manifestant de vifs regrets et une réelle estime pour l’artiste qui disparaissait ; quelques revues reproduisirent son portrait, quelques anecdotes à son sujet se faufilèrent dans les échos, puis le silence, l’oubli recouvrirent son œuvre plus lourdement que la pierre tombale n’ensevelissait son corps.

En prévision de sa fin, Holmès avait fait un testament par lequel elle demandait à reposer à Versailles (où elle passa son enfance et qu’elle avait toujours beaucoup aimée) et léguait à la bibliothèque, sa musique et ses livres exempts de dédicaces. L’autre partie était destinée à la bibliothèque du Conservatoire.

Ces dons faillirent ne pas être acceptés, la minime succession pécuniaire laissant les légataires perplexes