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LA LYRE D’AUGUSTA HOLMÈS

par l’adjonction de paroles, de situations scéniques, de mimiques d’une suggestion trop recherchée, malheureusement, d’un certain public. Prenez le morceau le plus évocateur, semble-t-il, dans cet ordre d’idée, mais sans rien savoir du sujet qu’il illustre, et ce morceau, réduit strictement à sa forme symphonique, n’offrira à l’esprit rien de grossier ou de dangereusement démoralisant.

Que la musique éveille, stimule l’enthousiasme, la tendresse, la poésie latentes en nous, je ne songe pas à le nier, mais qu’y a-t-il de répréhensible à cela ! Ce ne sont pas ces sortes de sentiments qui amènent la déchéance et qu’il faut prohiber ; on peut en revenir déçu, on ne s’en trouve pas diminué ; on peut en souffrir, ce sont des souffrances que l’on ne voudrait immoler à aucune joie ; on peut en abréger ses jours, on en a vécu plus que par un siècle d’apathie, et Berlioz a dit justement : « La musique et l’amour sont les deux ailes de l’âme ! »

Si nous observons la mentalité, la conduite des musiciens célèbres, nous sommes frappés de leur supériorité. Beethoven était un saint, Schumann possédait la plus belle, la plus attachante nature, sa vie fut tout en labeur, en tendresse, en fière indépendance, vouée jusqu’à la plus complète abnégation à l’art qui devait le conduire à la folie, mais à la divinité, à la mort, mais à l’immortalité. Vaillance prodigieuse, courage, désintéressement, dignité, bonté, sont qualités communes aux Bach, aux Hændel, aux Weber, et à presque tous les maîtres de la musique. Plus près de