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Page:Barillon-Bauché - Augusta Holmès et la femme compositeur, 1912.pdf/84

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AU PAYS BLEU. — DEUX CONTEMPORAINES D’HOLMÈS

monique, ni l’ingéniosité dans la forme. Vers la fin, la Barcarolle se rappelle à notre bon souvenir ; cette attention n’est pas maladroite, mais ne peut nous dédommager du manque d’éducation rencontré tout le long de cette tarentelle en tenue par trop « peuple ».

Pourtant toutes ces compositions furent jouées jadis dans nos plus sérieux concerts, elles reçurent un accueil chaleureux du public et attirèrent l’attention sur leur auteur qui, par la suite, devait atteindre à la plus brillante notoriété. En 1902, une revue, Les Annales, proposa à ses lecteurs un plébiscite pour établir une sorte d’académie féminine en désignant les quarante femmes les plus appréciées du public et choisies parmi les femmes de bien, les reines, les littératrices, les savantes, les artistes. Augusta Holmès obtint les plus nombreux suffrages comme musicienne et se trouva, de toutes les femmes, une des plus nommées : 3.996 voix lui échurent, alors que Sarah Bernhardt, classée première des artistes dramatiques et lyriques, en eut 4.010, et Madeleine Lemaire, l’emportant sur toutes, 4.122.

Certes, nos idées actuelles ne seraient pas aussi avantageuses pour une « compositrice » identique à Holmès, mais il y a aussi lieu de supposer que dans l’atmosphère présente, un tempérament tel que celui de l’ardente musicienne se développerait tout autrement. À son époque on ne s’ingéniait pas à bouleverser de fond en comble l’architecture musicale, la moindre dissonance semblait bien osée et la mélodie facile à retenir régnait encore.