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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

ses poésies, puisque c’est de la musique qu’il s’agit, j’ai remarqué que de son œuvre, en mots ou en notes, se dégagent des qualités et des défauts analogues. C’est bien compris, c’est souvent médiocrement exprimé. On est surtout choqué par le manque de distinction, de délicatesse, de finesse. Pourtant à une première lecture, les omissions ne se remarquent pas trop, on est plutôt bien impressionné par l’allure générale, les sentiments passionnés qui s’ennoblissent s’ils se rapportent à la patrie. Ne relisez pas : l’effet, tout d’abord favorable, s’affaiblirait, parce que les idées sont en surface et qu’elles ne recèlent ni pensée profonde ou neuve, ni raffinements de forme, et cela manque aussi dans sa musique. N’y a-t-il pas lieu de soupçonner l’éducation poétique assez superficielle d’Holmès d’une influence fâcheuse sur son écriture musicale qui côtoie fidèlement ses poèmes ? Poussée par une très vive imagination que ses études incomplètes en littérature ne disciplinaient pas, elle se trouva amenée à inspirer ses commentaires musicaux d’un verbe non dépourvu de lyrisme (bien au contraire !), mais négligé sur divers points, et ayant réussi l’accord elle put croire qu’elle avait satisfait à toutes les exigences.

La partition de Ludus pro Patria s’ouvre par un prélude en larges accords d’une allure imposante et de belle sonorité. Le chœur qui suit plaît par son élan, sa franchise ; l’accompagnement en est traité symphoniquement, et un appel aux preux d’antan, caractéristique et d’un rythme hardi, s’accorde bien avec son sujet.