Aller au contenu

Page:Barillon-Bauché - Augusta Holmès et la femme compositeur, 1912.pdf/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
LUDUS PRO PATRIA

La deuxième partie, intitulée La Nuit et l’Amour, a pour raison d’être l’utilité de former une sorte d’oasis reposante entre deux parties guerrières. Le morceau, présenté d’abord en intermède d’orchestre, a du charme comme phrase — passons sous silence une avalanche d’arpèges et une grêle de trémolos en guise d’accompagnement ! — s’y enchaîne un chœur, d’un joli effet par des redites en appel, reprises à l’orchestre comme un écho dont l’insistance est douce[1]. Certes on pouvait obtenir plus de poésie, et surtout une poésie plus profonde, une teinte plus « clair d’étoiles » et conforme au nocturne ; quelques trilles, alors qu’il est tout le temps question du chant du rossignol, auraient pu jaillir de loin en loin, purs et harmonieux ; on s’étonne qu’Holmès, qui souvent abuse du genre imitatif, ait négligé d’appliquer avec tant de propos son procédé. Peut-être parce que, justement, l’effet s’imposait presque ; voilà un petit dilettantisme mal placé ; mais ne soyons pas trop sévères pour une nuit que la lune inonde de clarté, tandis que des amoureux clament ardemment leur tendresse, et s’époumonent à signaler le chant du rossignol, dont nous ne percevons pas la moindre manifestation.

La troisième partie est la meilleure de Ludus pro Patria et l’une des tout à fait remarquables d’Holmès. Les héroïques forgerons forgent l’épée libératrice de la France : « Pareils aux battements d’un gigantesque cœur, des coups sourds ébranlent la terre. » Le choc

  1. La Nuit et l’Amour existe pour piano, orgue, deux violons, alto et violoncelle.